Votre cerveau est-il envahi par le plastique ? Une nouvelle étude sonne l’alarme

La pollution plastique ne se contente plus d’envahir les océans et l’atmosphère : elle s’insinue dans notre propre organisme, y compris dans notre cerveau. Une étude récente, publiée le 5 février 2025 dans la revue Nature Medicine, révèle une accumulation inquiétante de microplastiques et nanoplastiques dans le cerveau humain, posant de nombreuses questions sur ses impacts sur la santé.

Jusqu’à présent, la présence de microplastiques dans le corps humain était déjà documentée, notamment dans les poumons, le foie et les reins. Mais cette nouvelle recherche menée sur 52 échantillons cérébraux post-mortem révèle que les concentrations dans le cerveau sont jusqu’à 30 fois supérieures à celles observées dans d’autres organes.

Les chercheurs ont découvert que le cortex préfrontal, une région clé impliquée dans la prise de décision et le contrôle des comportements, contenait une quantité alarmante de ces particules. Parmi elles, le polyéthylène, un plastique couramment utilisé dans les emballages alimentaires et les bouteilles d’eau, était majoritaire.

Comment ces particules atteignent-elles le cerveau ?

L’entrée des microplastiques dans le cerveau est particulièrement préoccupante. Normalement, la barrière hémato-encéphalique joue un rôle de protection en filtrant les substances nocives. Mais des recherches récentes suggèrent que certaines nanoparticules plastiques, en raison de leur taille infime (moins de 100 nanomètres), pourraient contourner cette barrière et s’accumuler dans le tissu cérébral.

Une autre voie d’exposition est l’absorption par le nerf olfactif, qui connecte le nez directement au cerveau. Une étude publiée dans Environmental Health Perspectives indique que les particules inhalées peuvent migrer rapidement vers le système nerveux central, contournant ainsi les mécanismes de défense habituels (source).

Quels risques pour la santé ?

Si la présence de microplastiques dans le cerveau est désormais confirmée, leurs effets sur la santé restent encore flous. Toutefois, les chercheurs soupçonnent des implications potentielles préoccupantes :

  • Neuro-inflammation : Les plastiques contiennent des additifs chimiques qui pourraient induire une inflammation chronique du cerveau.
  • Stress oxydatif : L’accumulation de nanoparticules peut générer du stress oxydatif, un processus impliqué dans le vieillissement cellulaire et certaines maladies neurodégénératives.
  • Altération des fonctions cognitives : Certaines études animales suggèrent que l’exposition aux nanoplastiques pourrait affecter la mémoire et la prise de décision (source).

Les scientifiques ont également observé une corrélation entre des niveaux élevés de nanoplastiques dans le cerveau et la présence de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. Cependant, il est encore trop tôt pour affirmer un lien direct de causalité.

aiguille cerveau

Crédits : gorodenkoff/istock

Une pollution qui s’aggrave

L’étude montre aussi que la concentration de microplastiques dans le cerveau humain a augmenté entre 2016 et 2024, une tendance qui coïncide avec l’explosion de la pollution plastique dans l’environnement.

Année Concentration moyenne de microplastiques (ng/g de tissu)
2016 12 ng/g
2020 25 ng/g
2024 38 ng/g

Ces chiffres illustrent l’ampleur croissante du problème et soulignent l’urgence de limiter l’exposition humaine aux plastiques, en particulier ceux présents dans les produits alimentaires et l’air que nous respirons.

Peut-on éliminer ces plastiques du cerveau ?

L’un des rares points rassurants de l’étude est qu’aucune différence significative n’a été observée entre les cerveaux de personnes jeunes et âgées. Cela suggère que notre organisme pourrait être capable, au moins en partie, d’éliminer ces particules au fil du temps. Cependant, les mécanismes exacts de cette potentielle élimination restent à élucider.

Des recherches sont en cours pour identifier des moyens d’atténuer l’accumulation de microplastiques dans le corps. Certaines études explorent les bénéfices potentiels de certains antioxydants ou de régimes alimentaires spécifiques pour limiter l’absorption de ces particules.

Comment réduire votre exposition aux microplastiques ?

En attendant de mieux comprendre les conséquences de cette pollution intérieure, quelques précautions peuvent être prises :

  • Limiter l’usage des plastiques alimentaires : Préférer les contenants en verre ou en inox.
  • Éviter les bouteilles en plastique : Boire de l’eau filtrée et utiliser des gourdes en matériaux sûrs.
  • Aérer son intérieur : Les microplastiques sont présents dans les poussières domestiques, il est recommandé de bien ventiler les pièces et d’utiliser des filtres HEPA.
  • Privilégier des vêtements en fibres naturelles : Les textiles synthétiques relâchent des microplastiques dans l’air et l’eau lors des lavages.

Un enjeu de santé publique

Ces découvertes révèlent une menace encore sous-estimée pour la santé humaine. Alors que la production mondiale de plastique continue d’augmenter, il devient essentiel de mieux comprendre l’impact des microplastiques sur notre organisme et de mettre en place des politiques visant à réduire cette contamination invisible.

La recherche devra approfondir la question pour déterminer si cette pollution intérieure a des effets irréversibles sur la santé humaine. En attendant, réduire notre exposition quotidienne aux plastiques semble être une précaution raisonnable et nécessaire.

 

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Cet article, initialement publié sur Sciencepost, a été repris sur Sciences de chez Nous avec l’approbation de Fatoumatou Diallo, rédactrice en chef de Sciences de chez Nous.

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