Paludisme au Mali : La Maison de l’Artemisia appelle le MRTC à une alliance décisive

Pour éradiquer le paludisme au Mali, la Maison de l’Artemisia, une association engagée dans la promotion de cette plante aux propriétés antipaludiques, a appelé le Centre de recherche et de formation sur le paludisme (MRTC), à renforcer leurs efforts contre cette maladie qui continue de faire des ravages au Mali. Le MRTC saisira-t-il cette main tendue pour l’éradication de cette pathologie au Mali?

Le paludisme tue. En 2022, la maladie a causé 1 498 décès au Mali. «Pourtant une tisane d’Artemisia peut prévenir et guérir le paludisme simple», affirme Siaka Baya de la Maison de l’Artemisia, citant une étude réalisée en République Démocratique du Congo (RDC) et un reportage de France 24 intitulé « Malaria business : les laboratoires contre la médecine naturelle ?« .

L’Artemisia, et plus particulièrement l’Artemisia annua, est une plante reconnue depuis des siècles pour son efficacité contre le paludisme. Son principe actif, l’artémisinine, est un élément clé dans la composition de nombreux médicaments antipaludiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande les formes pharmaceutiques de l’Artemisia pour leur efficacité et leur capacité à réduire la résistance aux traitements antipaludiques.

Au Mali, la Maison de l’Artemisia s’active depuis plusieurs années à promouvoir l’utilisation de cette plante comme traitement alternatif contre le paludisme. Elle cultive et distribue l’Artemisia à travers le pays, sensibilisant les populations à ses bienfaits et à son mode d’emploi. 

Selon Siaka Baya, «l’Artemisia est une solution efficace et accessible pour lutter contre le paludisme au Mali. Sa production locale réduirait les coûts de traitement de la maladie pour les populations les plus vulnérables».

Dans le cadre de la Journée mondiale de la lutte contre le paludisme, la Maison de l’Artemisia a organisé une cérémonie, le 27 avril 2024, pour lancer une collaboration avec le Centre de recherche et de formation sur le paludisme (MRTC). Une institution regroupant des chercheurs et des cliniciens engagés dans la lutte contre le paludisme au Mali.  

Abonnez-vous à notre chaîne YouTube

Interrogé par Sciences de chez Nous, Elie Sinayoko, responsable communication de la Maison de l’Artemisia à Bamako, indique que «l’objectif visé est de collaborer étroitement avec le MRTC pour mener des recherches approfondies et valider scientifiquement l’efficacité de l’artemisia cultivée au Mali». 

Présent à cette cérémonie, Dr Moussa Niangaly, chercheur au MRTC a souligné l’importance de cette alliance en se positionnant comme porte-voix auprès du centre pour aboutir à une meilleure coopération. «La réussite de cette collaboration pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre le paludisme au Mali», a déclaré Dr Moussa Niangaly. 

Problème?

Cependant, bien que certaines organisations internationales soutiennent la consommation de l’Artemisia sous forme naturelle, l’OMS ne recommande pas son utilisation sous quelque forme que ce soit, y compris le thé, pour le traitement ou la prévention du paludisme. 

En effet, comme pour la plupart des herbes médicinales, la teneur en artémisinine et son efficacité dépendent des conditions climatiques, géographiques et environnementales, détaille l’Organisation dans des recommandations visant à guider les industries pharmaceutiques dans la production d’artémisinine de qualité suffisante. 

De plus, l’étude scientifique congolaise citée par Siaka Baya  de la Maison de l’Artemisia à Bamako a été retirée de la plateforme Science Direct, à cause de préoccupations sur l’émergence de souches résistantes de P. falciparum, un parasite responsable du paludisme chez l’homme. Selon l’OMS, l’utilisation de l’Artemisia sous forme naturelle pourrait favoriser ces résistances, alors qu’aucune autre molécule n’est actuellement disponible pour remplacer l’artémisinine dans les combinaisons thérapeutiques (CTA).

«Il ne faut pas se voiler la face », déclare Dr Moussa Niangaly, chercheur au MRTC. «L’artemisia n’est dangereuse que pour ceux qui font de la malaria un business», critique-t-il, insinuant que seuls des intérêts économiques pourraient entraver la consommation de cette plante sous forme naturelle.

En attendant que les deux institutions établissent une collaboration solide qui pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre le paludisme au Mali, rappelons que l’Artemisia ne doit pas remplacer les traitements conventionnels recommandés par les autorités sanitaires. En cas de symptômes de paludisme, consultez un médecin immédiatement.

••••••

Cet article a été écrit par Mardochée Boli et approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo. 

➤ Bien que nous ayons mis en place un processus éditorial robuste et bien rodé, nous ne sommes qu’humains. Si vous repérez des erreurs ou des coquilles dans nos productions, veuillez-nous en informer par courriel à l’adresse : correction@sciencesdecheznous.com.

Pour toutes autres préoccupations

Envoyez-nous un email

Contactez-nous sur WhatsApp

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.