Kush : la nouvelle drogue, possiblement à base d’os humains, qui ravage la jeunesse ouest-africaine

Composition et origines du kush

Le kush est un assemblage complexe et inquiétant de substances. Au cœur de sa composition, on trouve le cannabis, largement cultivé dans la région, qui sert de base au mélange. Cependant, ce sont les autres composants qui accentuent son potentiel destructeur. Le fentanyl, un opioïde synthétique extrêmement puissant, est souvent introduit dans le mélange. Sa fabrication, généralement dans des laboratoires clandestins en Chine, souligne un marché noir florissant et une facilité d’accès inquiétante. Le tramadol, opioïde moins puissant que le fentanyl, mais tout aussi addictif, complète cette combinaison et contribue à l’effet sédatif. Il est acheminé depuis des laboratoires en Asie.

Le formaldéhyde, un composant encore plus alarmant, est également présent dans le kush. Il est principalement connu pour ses utilisations en tant que désinfectant et conservateur. Mais ici, il est détourné pour ses effets hallucinogènes. L’inclusion de cette substance toxique, potentiellement cancérigène, dans un produit consommé par inhalation, pose de graves risques pour la santé. Elle peut causer des dommages irréversibles à l’organisme, notamment au niveau respiratoire et neurologique.

La rumeur de l’ajout d’os humains broyés, non confirmée, ajoute une dimension macabre et soulève des questions éthiques et sanitaires. Certains disent que les pilleurs de tombes fournissent les ossements. Pourquoi ajouter des os dans cette drogue ? Il est avancé que le soufre des os pourrait induire un effet euphorisant. Autre hypothèse : les os pourraient contenir des résidus de fentanyl ou de tramadol, si le défunt en consommait.

Les réseaux criminels locaux, en mélangeant ces substances, ne se contentent pas de créer un produit addictif, mais orchestrent une crise de santé publique.

Impact dramatique du kush sur la santé et la société

Les utilisateurs, plongés dans un état catatonique, perdent souvent toute conscience de leur environnement. Cela peut entraîner des comportements extrêmement dangereux. Les substances opioïdes comme le fentanyl et le tramadol provoquent une sédation profonde, augmentant le risque d’accidents mortels. Michael Cole explique : « La drogue […] amène les gens à s’endormir en marchant, à tomber, à se cogner la tête contre des surfaces dures et à marcher dans la circulation en mouvement ».

De plus, l’effet hallucinogène du formaldéhyde peut induire des épisodes de violence imprévisibles et le risque d’automutilation. Ces risques sont exacerbés par la variabilité de la composition du kush, rendant chaque prise potentiellement plus dangereuse que la précédente. Michael Cole ajoute : « Un autre problème est la nécessité de financer la dose suivante, souvent obtenue grâce à la prostitution ou à des activités criminelles. »

Sur le plan sociétal, l’impact de cette drogue est tout aussi dévastateur. En particulier l’afflux croissant de patients dépendants au kush, dans des pays comme la Sierra Leone, dépasse les capacités des hôpitaux. On estime qu’elle tue une douzaine de personnes chaque semaine et en hospitalise des milliers. Cette situation exacerbe le problème de toxicomanie, mais aussi celui des infrastructures de santé insuffisantes face à une telle crise. L’augmentation spectaculaire des cas de dépendance, de quelques dizaines à plusieurs milliers en quelques années, témoigne de l’ampleur de l’épidémie.

Cette crise sanitaire a également des répercussions économiques. L’urgence détourne les ressources limitées, négligeant ainsi d’autres besoins essentiels de santé publique. De plus, la dépendance généralisée au kush alimente la criminalité et la marginalisation sociale. Un cercle vicieux se crée et affecte les individus et le tissu social et économique de la région.

Réponses et mesures préventives face au fléau mortel du kushReconnaissant la complexité et la gravité de la situation, certains pays, comme la Sierra Leone, envisagent des approches progressistes. Une piste concerne la décriminalisation de l’usage du kush. Le but serait de réduire la stigmatisation des utilisateurs et faciliter leur accès aux services de réhabilitation. Cependant, cette approche se heurte à des obstacles majeurs, notamment le manque de ressources financières et humaines. Michael Cole souligne : « L’efficacité de la législation à elle seule est discutable, et nombre de ceux qui fréquentent les centres de réadaptation, très limités, retournent à la consommation de drogues ».

Pour surmonter ces défis, une stratégie intégrée est nécessaire. Elle devrait combiner des mesures législatives, des soins de santé adaptés et des programmes d’emploi pour les personnes en réadaptation. Le contrôle législatif est essentiel pour réguler la distribution des substances composant le kush et pour lutter contre les réseaux criminels qui alimentent cette épidémie. Leur capacité à s’approvisionner en composants de diverses origines internationales témoigne d’une globalisation du trafic de drogues. Cette approche holistique nécessite une collaboration étroite entre les gouvernements, les organisations de santé, les communautés locales et les acteurs internationaux, afin de développer des solutions durables et efficaces pour lutter contre la crise du kush en Afrique de l’Ouest.

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Cet article, initialement publié sur Sciences et vie, a été repris sur Sciences de chez Nous avec l’approbation de Yacouba Sangaré, rédacteur en chef de Sciences de chez Nous.

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