Face aux morsures de serpent, le Congo prépare sa riposte locale

Face au coût prohibitif des sérums antivenimeux importés, la République du Congo pourrait bientôt amorcer un tournant décisif en produisant localement ses propres traitements contre les morsures de serpent, une urgence médicale fréquente dans le pays.

Actuellement, une seule ampoule de 250 mg de sérum antivenimeux coûte environ 80.000 francs CFA (environ 139 dollars), un tarif souvent inaccessible pour les populations les plus vulnérables. Une situation qui complique la prise en charge rapide et efficace des personnes envenimées.

Pour remédier à cette problématique, des scientifiques congolais, dont l’herpétologiste Ange Ghislain Nzassi-Boulou, militent activement pour le développement d’une production locale, a rapporté SciDev.Net. Chercheur à l’Institut national de recherche en sciences exactes et naturelles du Congo Brazzaville, il souligne que ce projet permettrait non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’améliorer l’efficacité du traitement. « Un sérum antivenimeux produit localement coûterait moins cher et serait surtout plus efficace parce qu’il serait produit à partir du venin des serpents vivant au Congo », explique-t-il, dans des propos rapportés par SciDev.Net.

La composition du venin variant selon l’environnement, l’alimentation ou encore l’âge du serpent, un sérum conçu à partir de spécimens locaux serait mieux adapté aux envenimations observées dans le pays. Actuellement, le Congo recense 129 espèces de serpents, dont 44 sont venimeuses et 20 % présentent un venin potentiellement mortel.

L’Institut national de recherche en sciences exactes et naturelles, en collaboration avec la Société d’herpétologie du Congo, poursuit des recherches approfondies sur la biodiversité herpétologique nationale. Ces travaux scientifiques constituent une étape cruciale vers la mise en place d’une chaîne de production locale de sérums.

Ange Ghislain Nzassi-Boulou lance également un appel aux autorités publiques et aux partenaires techniques et financiers pour soutenir ce projet stratégique. La production de sérum antivenimeux est en effet un levier majeur pour combattre l’envenimation, classée parmi les maladies tropicales négligées par l’Organisation mondiale de la santé.

La concrétisation de ce projet représenterait un tournant historique dans la lutte contre les morsures de serpent au Congo, en alliant autonomie sanitaire et valorisation de la recherche scientifique nationale.

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Cet article a été écrit par Mardochée BOLI et approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo. 

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