Mali: Vers un système pharmaceutique renforcé dans les zones de conflit
Un atelier de deux jours tenu à Bamako les 9 et 10 janvier 2024 dans le but de renforcer le système pharmaceutique dans les zones touchées par le conflit au Mali. Cet atelier s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche mené par une équipe de chercheurs de la Faculté de médecine et d’odontostomatologie (FMOS) de Bamako, sous la direction de Mohamed Ag Ahmed et Issa Coulibaly.
Un texte de Christophe G.
Les résultats préliminaires des études menées dans les zones de Tombouctou et Mopti ont été présentés lors de cet atelier, mettant en lumière les défis auxquels le système pharmaceutique est confronté dans ces zones et proposant des solutions concrètes pour y remédier.
Les travaux préliminaire ont révélé que la chaîne d’approvisionnement et de distribution des médicaments essentiels est fragilisée dans les zones en conflits, avec des défis majeurs tels que l’inaccessibilité des prix de vente de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM), la prolifération des vendeurs informels de médicaments et la gratuité des ONG qui entraîne la péremption des médicaments dans les centres.
De plus, les chercheurs ont découvert que l’usage irrationnel de médicaments essentiels est un problème important dans les centres de santé de premier niveau situés dans les zones touchées par le conflit. Les pratiques irrationnelles de médicaments observées dans tous les districts sanitaires étaient caractérisées par une polymédication, une sous-prescription de médicaments génériques, une surprescription d’antibiotiques et des injectables, une longue durée de délivrance des médicaments et une insuffisance de connaissance adéquate de la posologie des médicaments.
L’étude a permis d’identifier les causes de l’utilisation irrationnelle des médicaments essentiels (UIM) dans les zones touchées par le conflit dans la région de Mopti. Les causes identifiées comprennent l’insuffisance des connaissances et la détérioration de la communication avec les patients de la part des professionnels de la santé, l’insuffisance de suivi et de supervision, l’insuffisance de formation sur l’usage rationnel des médicaments (URM) à l’endroit des soignants et la perte de contrôle des autorités sanitaires sur les localités sous blocus armés.
Pour relever ces défis, les chercheurs soutiennent qu’il faut entreprendre des actions supplémentaires telles que l’allocation de fonds pour les supervisions et le renforcement de partenariat avec les acteurs humanitaires. Les acteurs humanitaires sont également invités à multiplier leurs actions et à élargir leurs champs d’intervention en se déployant dans les zones où les populations vivent dans des conditions très précaires. La mise en place d’activités efficaces de promotion de l’usage rationnel des médicaments dans les zones touchées par le conflit est également nécessaire dans tous les centres de santé de premier niveau.
Cet atelier a permis de proposer des solutions concrètes pour renforcer le système pharmaceutique dans les zones touchées par le conflit au Mali et de mettre en lumière les défis auxquels il est confronté. Les résultats définitifs de cette étude pourront être utiles pour orienter les politiques et les interventions visant à améliorer l’accès aux médicaments essentiels dans ces zones.