Faux : Les graines de papaye ne guérissent ni la cirrhose ni l’insuffisance rénale

Que vérifions-nous?

Une publication Facebook affirmant que la consommation des grains de papaye permet de guérir les maux de rein et du foie. Le post est accompagné d’une liste énumérant divers bienfaits supposés, notamment des propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes et antivirales.

Verdict

Des experts, comme le Pr Akory Ag Iknane et Bruno Megarbane, affirment qu’il n’y a aucune preuve scientifique montrant que les graines de papaye peuvent traiter la cirrhose du foie ou l’insuffisance rénale, deux maladies qui provoquent des dommages irréversibles aux cellules.

Pourquoi ce verdict ?  

Pour aboutir à ce verdict, Sciences Check a réalisé une recherche documentaire et interrogé des experts. 

Le Carica papaya, plus connu sous le nom de papaye, est un fruit tropical apprécié pour ses qualités nutritionnelles. Ses graines, riches en protéines, lipides et fibres, contiennent également divers composés bioactifs. 

Cependant, si elles possèdent certaines propriétés digestives et antioxydantes, elles ne constituent en aucun cas un remède contre des maladies graves comme la cirrhose ou l’insuffisance rénale.

Dans une thèse de doctorat, la pharmacienne Claire-Marie Fabert détaille la composition enzymatique de la papaye, mettant en avant la papaïne, une enzyme facilitant la digestion des protéines. Elle mentionne également la chymopapaïne et la caricacine, connues pour leurs effets anti-inflammatoires. 

Toutefois, aucun de ces composants ne justifie les allégations selon lesquelles la papaye pourrait guérir des pathologies hépatiques ou rénales.

Contacté par téléphone, le Pr Akory Ag Iknane, spécialiste en nutrition et ancien directeur de l’Institut national de santé publique au Mali, confirme : « aucune étude scientifique n’a, à ce jour, démontré que les graines de papaye peuvent traiter l’insuffisance rénale, malgré leur composition chimique ». 

Il ajoute que si la papaye est effectivement riche en nutriments et en enzymes bénéfiques pour la santé, cela ne justifie pas des affirmations non fondées sur ses vertus curatives pour des affections graves telles que l’insuffisance rénale.

Toutefois, l’expert précise que la consommation régulière de papaye peut contribuer à « désintoxiquer les intestins, le foie et les reins », ce qui pourrait indirectement avoir des effets bénéfiques sur la santé rénale.

Au cours d’une interview accordée à Sciences Check, Ousmane Koita, biologiste moléculaire et directeur du laboratoire de biologie moléculaire appliquée de Bamako, abonde dans le même sens : 

« les enzymes de la papaye facilitent la digestion des protéines dans le système digestif, en les décomposant en acides aminés. Cependant il n’existe aucune preuve scientifique sérieuse qui prouve leur effet direct sur la fonction rénale ou leur capacité à guérir la cirrhose du foie ». 

Enfin, dans un article de l’Agence France-Presse (AFP), Bruno Megarbane, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), rappelle que la cirrhose du foie et l’insuffisance rénale entraînent une destruction irréversible des cellules des organes concernés. 

A cet effet, ni la papaye, ni aucun autre médicament ne peuvent inverser ce processus. Le chercheur souligne que les traitements médicaux pris par les patients visent uniquement à ralentir l’évolution des lésions ou à compenser la fonction altérée.

Conclusion

La consommation de graines de papaye peut offrir certains bienfaits nutritionnels et digestifs, mais elle ne constitue en aucun cas un traitement pour des maladies graves comme la cirrhose ou l’insuffisance rénale.

 

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Sciences Check est un programme de Sciences de chez Nous qui se concentre exclusivement sur la vérification des faits scientifiques, notamment en démystifiant les affirmations fausses et trompeuses formulées par certains acteurs pour influencer les politiques publiques. Nous sommes membre de l’Alliance Africaine de Vérification des faits. 

Cette vérification des faits a été rédigée par Mardochée Boli et approuvée pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatoumatou Diallo.

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