
Selon Lise Barnéoud, journaliste scientifique et auteure de plusieurs ouvrages sur les vaccins, la réponse est claire : « être pour ou contre les vaccins, c’est comme être pour ou contre les médicaments, ça n’a pas de sens ». Loin d’être de simples « porte-paroles des scientifiques ou des instituts de santé », le rôle du journaliste scientifique est, selon elle, de « faire le pari de l’intelligence de nos lecteurs ».
Lise Barnéoud s’exprimait à l’occasion de la 2e Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones, tenue du 9 au 14 juin 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, autour du concept « One Health » (« une seule santé »). Cette initiative du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone, en partenariat avec l’Association suisse du journalisme scientifique et l’Association française des journalistes scientifiques de la presse d’information, a mis en lumière des pistes essentielles.
Lire au-delà des communiqués
Avec l’apparition récente de vaccins contre le Covid-19, le paludisme ou la méningite, et la montée des vagues de désinformation, l’adhésion des populations aux campagnes de vaccination se heurte à une polarisation. Face à cette complexité, l’Organisation mondiale de la santé recommande aux journalistes qui traitent ces sujets de lire l’intégralité des études scientifiques avant d’en rendre compte.
« Les résumés ou communiqués de presse ne reflètent pas toujours fidèlement les nuances ou les limites des travaux publiés, » souligne l’OMS. « Alors que les revues médicales accélèrent leurs publications, il est nécessaire de savoir lire ces rapports avec rigueur avant de rendre compte de leurs résultats. »
À cela, Edgar Valery Adjogoua, responsable du département des virus épidémiologiques à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, ajoute : « Il est important pour le journaliste scientifique d’être en contact permanent avec le scientifique, pour que ce dernier explique ce qui se passe réellement dans son laboratoire. À partir de là, le journaliste scientifique sera en mesure de divulguer la vraie et la bonne information. »
En fait, ce dont les gens ont besoin, ce n’est pas de plus d’informations, mais de pouvoir discuter de leurs craintes et d’avoir confiance dans les conseils qui leur sont prodigués.
Créer des passerelles entre chercheurs et journalistes
« Ça suppose que dans le milieu de la recherche, on fasse un pas vers les journalistes scientifiques, pour créer la confiance qui peut favoriser la transparence qui permettra au journaliste de pouvoir publier, au bon moment, la vraie information et éviter la controverse qui part à la vitesse de la lumière », précise Yao Selom Atrah, Senior Officer Laboratory System Network à l’Africa CDC à Addis-Abeba, en Ethiopie.

Pour lui, il s’agit « de voir ensemble comment prévenir les controverses et les fausses rumeurs en donnant la bonne information bien avant car, c’est quand les gens n’ont pas les bonnes informations qu’ils prennent en compte la première qui leur tombe sous la main ; et c’est parfois difficile de leur prouver le contraire ensuite ».
Yao Selom et Valery Adjogoua prenaient part à un panel intitulé « Vaccins et controverses : comment bien traiter l’information sur les vaccins », aux côtés, entre autres, de la journaliste Lise Barneoud.
Écouter avant de corriger
Parallèlement aux réflexions des experts à cette Conférence mondiale, une étude internationale parue en 2024, suggère que l’on peut améliorer de manière significative l’attitude des patients à l’égard de la vaccination, en corrigeant de manière empathique les informations erronées.
« En fait, ce dont les gens ont besoin, ce n’est pas de plus d’informations, mais de pouvoir discuter de leurs craintes et d’avoir confiance dans les conseils qui leur sont prodigués », indique Dawn Holford, chercheure à l’Université de Bristol, auteure principale de l’étude.
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Cet article a été écrit par Ruth Kutemba et approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo.
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