Découverte : À la rencontre d’Ousmane Diallo, le jeune Guinéen fabricant d’un scooter
Ousmane Diallo, 20 ans, est un passionné de technologie et d'architecture. Il vient de concevoir un scooter ayant une autonomie d'environ 50 kilomètres sans nécessiter de carburant. Portrait d'un jeune autodidacte débordant d'inspiration.
Originaire d’une famille modeste, le jeune Ousmane réalise des prouesses. Dès son plus jeune âge, il est inscrit dans une école privée à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma à Conakry, où il poursuit ses études primaires et une partie du secondaire. Il se distingue dès les premières années scolaires grâce à ses excellents résultats.
Cependant, tout bascule lorsqu’il entre au collège. Le jeune Ousmane se lasse de l’enseignement traditionnel. Il trouve le système éducatif « lourd, étrange, inefficace et déconnecté de la réalité ». « Je me suis rendu compte qu’il serait naïf de m’investir complètement. Pour moi, l’important est d’apprendre des choses qui seront utiles dans la vie », affirme-t-il. Ousmane tombe alors amoureux de la technologie, de l’informatique, de l’architecture et de la mécanique.
…C’est un scooter très économique, ne nécessitant aucune dépense en carburant
Ousmane relègue l’école au second plan et se consacre à des cours en ligne axés sur ses passions. Il passe ainsi plus de temps sur internet que sur ses devoirs. Il commence à assimiler quelques notions dans les domaines qui l’intéressent. Pour vérifier ses connaissances acquises en ligne, Ousmane se met à démonter tous les appareils électriques ou électroniques qui lui passent entre les mains.
Du revers à la création d’une technologie
Le déclic survient après son échec au baccalauréat lors de la session 2022. « J’ai passé mon baccalauréat l’année dernière, mais je n’ai pas été admis car cela ne m’intéressait pas vraiment. J’ai décidé de quitter l’école », confie-t-il.
Ce jeune autodidacte se consacre entièrement à son rêve : concevoir un moyen de transport. Au bout d’un an, il parvient à fabriquer un scooter électrique. « Il s’agit d’un moyen de transport électrique et totalement respectueux de l’environnement. C’est un scooter très économique, ne nécessitant aucune dépense en carburant », explique-t-il.
L’idée de concevoir le scooter lui est venue en observant les difficultés auxquelles les habitants de Conakry sont confrontés en matière de circulation. « Se déplacer à Conakry est très pénible. Il faut passer des heures et des heures à attendre un taxi. Même pour ceux qui possèdent une voiture, les embouteillages représentent une contrainte énorme. Je souhaite donc résoudre le problème de mobilité à Conakry », affirme-t-il.
Des difficultés à chaque étape
Malgré son talent et sa persévérance, la fabrication de cet engin a été semée d’embûches, principalement en raison du manque d’équipements. Le fabricant ne dispose pas des ressources nécessaires pour réaliser pleinement ses ambitions. Il ne bénéficie d’aucun soutien de la part de l’État. Avec ses maigres économies, il réalise tout par lui-même : électricité, électronique, design, mécanique, ne sollicitant de l’aide que pour la soudure et la peinture.
Au final, le processus prend six mois. Donner au moteur la puissance nécessaire lui a donné du fil à retordre. « Pour que l’engin puisse surmonter les collines, il fallait un pignon d’environ 2 cm au niveau du moteur. Les pignons disponibles sur le marché local font 4 voire 6 cm. Cela ne convenait pas à notre projet. Nous avons donc fabriqué un pignon à la main. Cela a été très compliqué, car nous ne pouvions pas nous tromper, même d’un millimètre. Après plusieurs tentatives, nous y sommes finalement parvenus.» Le manque de matériel est si évident que cela donne l’impression que ce type de projet est impossible à réaliser. Cependant, Ousmane Diallo est convaincu qu’avec un peu de soutien, il pourrait faire encore mieux.
Dans sa configuration actuelle, le scooter électrique a une autonomie d’environ 50 kilomètres. Il utilise une batterie au plomb rechargeable, mais extrêmement lourde selon le concepteur. Pour augmenter l’autonomie, il rêve d’obtenir des batteries au lithium, bien plus légères et performantes. «Nous avons dû faire avec ce que nous avions. Je suis convaincu que si nous disposions de batteries au lithium, nous pourrions augmenter l’autonomie jusqu’à 80 voire 150 kilomètres… Nous envisageons également de l’équiper de panneaux solaires.»
Le concepteur nourrit le rêve d’établir une unité industrielle en Guinée pour fabriquer et exporter d’autres véhicules plus performants. « Les versions que nous allons commercialiser seront bien plus performantes, notamment en termes de confort. Mon objectif est d’établir une usine afin de produire d’autres véhicules. Pourquoi ne pas envisager des exportations à l’avenir ?» Cependant, le jeune homme demande l’aide des nouvelles autorités, qui restent pour l’instant indifférentes. «Aujourd’hui, nous ne manquons pas d’innovateurs, il leur manque seulement les moyens. Les autorités doivent comprendre l’importance de l’innovation dans ce pays», souligne-t-il.
••••••
Cet article a été rédigé par le journaliste Mamadou Diallo et édité par Ani Tchétché, éditeur d’articles à Sciences de chez Nous (SDCN). L’article a été approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo.
➤ Bien que nous ayons mis en place un processus éditorial robuste et bien rodé, nous ne sommes qu’humains. Si vous repérez des erreurs ou des coquilles dans nos productions, veuillez nous en informer par courriel à l’adresse : correction@sciencesdecheznous.com.🔚