Après les bipeurs, les talkies-walkies du Hezbollah piégés par des charges explosives

Des appareils de communication du Hezbollah, après des bipeurs, ont été piégés avec des charges explosives intégrées dans leurs boîtiers. Des experts tentent de comprendre comment ces dispositifs, notamment des talkies-walkies, ont pu être déclenchés à distance.

Le 17 septembre 2024, les explosions simultanées de centaines de bipeurs de membres du Hezbollah ont provoqué des scènes de chaos au Liban. Le lendemain, le même scénario, mais impliquant moins d’appareils, s’est reproduit avec des talkies-walkies ; le Hezbollah accuse Israël d’être derrière ces attaques qui surprennent par leur dispositif.

Une charge explosive dans chaque talkie-walkie

Bipeurs et talkies-walkies… Si le détournement de ces deux appareils présente des similitudes, les procédés mis en œuvre diffèrent. Premier point commun – cette fois-ci les experts sont unanimes -, les batteries ne sont pas en cause. Les analyses pratiquées sur les restes de talkies-walkies après leur explosion les innocentent. Une petite charge explosive a été implantée dans leur boîtier. Il s’agit donc bien d’équipements « piégés ».

Ce point tend à prouver que l’opération a été préparée de longue date. Mais, ici encore, comment est-il possible de déclencher à distance l’explosion d’une charge logée au sein d’un appareil destiné à l’acheminement de la voix ?

Pour cela, les spécialistes se sont penchés sur la fiche technique et le manuel d’utilisation des talkies-walkies en question. Produits par la société japonaise Icom Inc. sous la référence IC-V82, il s’agit d’équipements à mi-chemin entre un usage tout public, lors de randonnées par exemple, et une utilisation professionnelle, notamment sur des chantiers.

Les explosions peut-être déclenchées par un talkie-walkie tiers

Leur puissance de 7 watts en émission radio leur confère une portée de quelques kilomètres. Par ailleurs, outre la transmission de la voix, ils proposent un certain nombre de services annexes dont une fonction de « micro radiomessagerie ». Mais le réseau qu’exploite ce service n’a aucun lien avec celui dédié aux bipeurs.

Dans le cas des talkies-walkies, la zone couverte est limitée par la portée des talkies-walkies des membres du groupe. Dès que l’un d’eux s’écarte de ce périmètre, le service n’est plus accessible. Il semble donc difficile de télécommander un très grand nombre d’explosions depuis un unique point. En revanche, des explosions groupées et déclenchées simultanément sur une zone relativement restreinte sont possibles.

Par ailleurs, les bandes de fréquences qu’exploite le IC-V82 disposent d’un accès libre sur le plan technique. Si les équipements doivent être dûment déclarés aux services compétents avant leur utilisation, aucune sécurisation des transmissions n’est présente. Il suffit ainsi de disposer d’un talkie-walkie pour pouvoir s’insérer dans les discussions d’autres utilisateurs après une simple recherche des fréquences et des canaux qu’ils utilisent.

La fonction « scanner » dont disposent la plupart des talkies-walkies permet généralement de les retrouver en quelques dizaines de secondes. Un point qui ouvre la porte à l’envoi de messages de déclenchement de l’explosion depuis un talkie-walkie tiers, venant se mêler au groupe, sans même que ses membres s’en aperçoivent.

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Cet article, initialement publié sur Sciences et Avenir, a été repris sur Sciences de chez Nous avec l’approbation de Fatoumata Diallo, rédactrice en chef de Sciences de chez Nous.

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