Cantines scolaires de Bamako : Quand la santé des enfants est menacée

En 2017, l'Institut National de Santé Publique (INSP) au Mali a lancé une étude pour décrypter les défis alimentaires majeurs auxquels font face les élèves mangeant dans les cantines scolaires de Bamako et de ses alentours. L'objectif était d'évaluer la qualité sanitaire des repas servis.

Dans de nombreuses écoles, les cantines constituent le lieu incontournable où les élèves se rendent pour se restaurer. Malheureusement, des témoignages alarmants révèlent des conditions déplorables. 

Mahamadou Diakité, élève, se plaint : «Nous n’avons pas d’autre choix que de manger dans cet établissement», mentionnant la présence fréquente de cheveux, de mouches voire de moustiques morts dans les repas servis.

De plus, Oumou Traoré, expliquant à Sciences de chez Nous (SDCN), déclare : « La cantine où nous prenons notre repas chaque midi est insalubre, infestée de rats et de souris qui se faufilent dans la salle. » Même si l’étude réalisée par l’INSP date de 2017, les témoignages recueillis lors d’un microtrottoir en novembre 2023 confirment que les problématiques soulevées demeurent toujours d’actualité.

En effet, l’alimentation humaine est depuis toujours une priorité mondiale, et en Afrique subsaharienne, l’urbanisation croissante a donné lieu à de nouveaux modèles de consommation alimentaire. « Au Mali, ces habitudes alimentaires, qu’elles soient individuelles ou collectives, formelles ou informelles, rencontrent aujourd’hui de nombreux obstacles, en particulier dans les milieux scolaires », souligne Dioume Cissé, l’un des auteurs de l’étude scientitifque réalisée par l’INSP. 

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L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de Santé (OMS) soulignent l’importance d’une alimentation saine et nutritive comme un droit fondamental pour tous, mais malheureusement, le Mali ne répond pas encore aux normes internationales en la matière, malgré des avancées dans la compréhension des problèmes.

Manque de pratiques d’hygiène élémentaires

L’étude intitulée « Evaluation sanitaire des cantines scolaires du district de Bamako et sa zone periurbaine en 2017 » a été conduite en interrogeant un échantillon de 35 écoles, sélectionnées parmi un total de 350 établissements. Cette sélection s’est opérée à partir d’un sondage aléatoire, spécifiquement réalisé sur des cantines scolaires en activité. Les conclusions de cette étude suscitent de vives inquiétudes. 

Près de 70% des acteurs engagés dans l’alimentation scolaire ne connaissent pas les réglementations en matière d’hygiène. Ce qui se traduit par le fait que trois cuisinières sur 10 ne se lavent pas les mains avec du savon après être allées aux toilettes. De plus, près de deux tiers des aliments sont exposés à l’air libre, tandis qu’un tiers des cantines utilisent de l’eau de puits, potentiellement non potable, comme source d’eau.

De surcroît, la majorité du personnel (soit 60%) n’a pas bénéficié d’une formation sur les bonnes pratiques d’hygiène.

Cette situation révèle une réalité préoccupante : « la restauration dans les cantines scolaires est insatisfaisante et représente un réel risque pour la santé des enfants», alarment les chercheurs. 

Selon eux, l’évaluation de la qualité sanitaire des aliments dans ces cantines est essentielle, nécessitant donc une gestion des risques liés aux microorganismes et aux agents responsables d’intoxications alimentaires. 

La contamination des aliments n’est pas seulement due au manque de bonnes pratiques d’hygiène, mais également à l’utilisation de matières premières, telles que l’huile, présente dans 88% des plats maliens courants notamment le riz gras, le riz sauce, la viande et les frites. 

« Il est impératif d’envisager les cantines scolaires comme une source potentielle de risques sanitaires pour les enfants, nécessitant ainsi des études approfondies», a insisté l’équipe de recherche. 

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Cet article a été rédigé par Daniella Agbalo et Aïchata Tigana et édité par Ani Tchétché, éditeur d’articles à Sciences de chez nous. L’article a été approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo. 

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