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Comment fournir de l’eau potable à Conakry ? Les idées innovantes d’un expert

Depuis plus de 22 ans, la capitale de la Guinée, Conakry, est confrontée à une grande difficulté d'accès à de l'eau potable de qualité. Dans certains quartiers, cela fait plus d'une décennie qu'aucune goutte d'eau n'est tombée du robinet. Koly Camara, Directeur de la production et du réseau de distribution de la Société des Eaux de Guinée (SEG) à Conakry, a accordé une interview à Sciences de chez nous (SDCN) pour expliquer comment le pays peut sortir de cette impasse.

SDCN : Pourquoi l’accès à l’eau potable continue d’être un véritable problème dans la capitale ?

Koly Camara : Le manque d’eau à Conakry est principalement dû à un problème d’investissement. Aujourd’hui, avec l’explosion de la démographie, les investissements n’ont pas suivi. Et jusqu’ici, notre capacité de production d’eau de 150 000 m3 est insuffisante pour répondre aux besoins de 350 000 m3. Cette crise ne date pas d’aujourd’hui, elle a été signalée en 2001. Trois ans plus tard, les ingénieurs de la SEG ont eu pour solution d’instaurer un programme de délestage pour que tous les quartiers de la capitale aient un peu d’eau dans les robinets. Tous les mardi, jeudi et samedi, entre midi et 21 heures, l’eau est coupée dans les zones basses et moyennes pour permettre aux zones en hautes altitudes d’en avoir. Car l’eau que nous utilisons vient de Yessoulou et passe dans les tuyauteries sous l’effet de la gravitation, sans pompage. C’est pourquoi le manque d’eau est beaucoup plus perceptible dans la commune de Ratoma. Parce que les réservoirs qui alimentent ses quartiers sont situés à une haute altitude. Nous faisons des manœuvres pour les servir, mais ce n’est pas suffisant. Pour rappel, depuis 1964, il n’y a que trois usines de traitement à Yessoulou qui produisent 120 000 m3. Les 30 000 m3 restants proviennent de forages de la ville de Conakry et des captages de Kakoulima (Bentourayah).

 

« Dans une ville comme Conakry, qui a déjà des problèmes d’approvisionnement en eau potable, il est crucial de ne pas instaurer de programme de délestage électrique, car cela peut entraîner une baisse de la qualité de l’eau et des risques sanitaires pour la population » | Koly Camara, Directeur production et réseau de distribution de la SEG

Quels sont ces principaux quartiers qui n’ont pas réellement accès à l’eau dans la capitale guinéenne ?

Nous avons la zone de Dar-es-Salam, confrontée à une pénurie d’eau depuis plus de 10 voir 15 ans en raison de sa position géographique élevée. D’autres zones, telles que Simanbossia, Morikantéya, certaines parties de Madina, Coléyah, Dixinn et Momo-liberté, sont également touchées par ce problème. Malgré l’installation de bornes-fontaines, l’approvisionnement en eau reste insuffisant dans ces zones élevées. Nos services ont tenté de trouver une solution à travers des camions-citernes qui fournissent de l’eau, mais cela ne suffit pas à répondre aux besoins des populations.

Malgré vos efforts, la population se plaint de la qualité de l’eau dans les robinets. Pourquoi ?

Il est important de noter que l’assainissement des eaux usées est une préoccupation majeure dans la ville de Conakry. En effet, les conduites d’alimentation d’eau potable sont en contact direct avec les eaux usées, et certains branchements ne sont pas correctement enterrés, ce qui les rend vulnérables aux fuites. Cette situation peut entraîner la contamination de l’eau potable avec des saletés et des germes dangereux pour la santé. Voyez-vous, dans une ville comme Conakry, qui a déjà des problèmes d’approvisionnement en eau potable, il est crucial de ne pas instaurer de programme de délestage électrique, car cela peut entraîner une baisse de la qualité de l’eau et des risques sanitaires pour la population. Il est important de noter que l’eau produite par les réservoirs est de qualité supérieure et traitée, mais cela ne suffit pas pour garantir l’approvisionnement en eau potable dans les zones les plus vulnérables.

Quelles sont les solutions face à cette situation ?

Il n’y a pas mille manières de régler cela. Il faut investir et lancer une grande campagne de réparation des fuites et enfouir les conduites. Et les nouveaux dirigeants l’ont compris. Ils ont mis en place une grande campagne de réparation des fuites et d’enfouissement des conduites. Cette opération est déjà en cours et toutes les fuites sont systématiquement réparées, même la nuit. De plus, les conduites d’eau sont en train d’être retirées des caniveaux pour éviter les eaux usées. Cependant, la principale solution pour éviter les fuites est d’investir suffisamment pour avoir abondamment d’eau en permanence. Dans ce sens, sous l’égide de la Banque Mondiale, un cabinet français a réalisé une étude du schéma directeur d’alimentation en eau potable de la ville de Conakry pour la vision 2040. Cette étude comporte trois phases : la première phase consiste à résoudre le déficit actuel, la deuxième phase débutera en 2025, et la troisième phase sera mise en place de 2030 à 2040.

Pensez-vous que les forages sont une solution au problème d’accès à l’eau potable ?

Le non-investissement dans le secteur de l’eau a des conséquences graves, notamment en ce qui concerne la qualité de l’eau. Les forages creusés ne disposent même pas d’un certificat de potabilité de l’eau ou d’une analyse chimique, ce qui représente un risque sanitaire considérable pour la population. Il est donc crucial d’investir dans le secteur de l’eau pour garantir un approvisionnement sûr et sain. De plus, le manque d’investissement peut également avoir des répercussions environnementales graves, notamment sur la qualité de l’eau. En effet, en raison de la proximité de Conakry avec la mer, si l’eau douce venait à tarir, l’eau de mer salée risquerait de s’infiltrer dans les forages d’eau douce, ce qui a déjà commencé dans certains quartiers. Il est donc essentiel que des investissements soient réalisés pour protéger la ressource en eau douce et garantir un approvisionnement suffisant pour la population de Conakry.

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Cette interview a été rédigée par le journaliste  Mamadou Diallo et éditée par Ani Tchétché, éditeur d’articles à Sciences de chez Nous (SDCN). L’article a été approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo. 

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