« Journalisme scientifique et peuples autochtones : un journalisme complexe ». Ce thème a animé une table ronde, mardi 2 décembre 2025, lors de la deuxième journée de la 13ᵉ Conférence mondiale des journalistes scientifique, au Centre de congrès international de Pretoria.
Sous la modération de Latoya Abulu, rédactrice chez Mongabay, la session a réuni deux spécialistes : Joseph Lee, écrivain Aquinnah Wampanoag basé à New York, et Inga Hansen, journaliste groenlandaise reconnue pour ses reportages dans l’Arctique.
Joseph Lee, chercheur principal en affaires autochtones chez Grist, a rappelé l’exigence de rigueur nécessaire pour couvrir ces sujets. « Les journalistes doivent éviter les stéréotypes », a-t-il insisté. Il appelle à poser les bonnes questions, enquêter davantage et comprendre la diversité interne des communautés.
Selon lui, la responsabilité du journaliste consiste à restituer cette complexité avec précision. Définir les acteurs, identifier les enjeux, exposer les tensions, tout en respectant les principes fondamentaux du métier : clarté, transparence et exactitude.
Inga Hansen a, de son côté, mis en avant la spécificité du journalisme autochtone. Elle souligne qu’il s’enracine dans une tradition narrative propre aux peuples indigènes, même si ceux-ci doivent aujourd’hui composer avec les normes occidentales.
Elle rappelle le contexte particulier du Groenland, un territoire de 60 000 habitants où l’information circule différemment. « Le journalisme indigène existe dans notre histoire et dans notre manière de penser », explique-t-elle. Elle reconnaît toutefois la nécessité d’appliquer les règles professionnelles modernes pour garantir une information fiable.
Les enjeux soulevés dépassent le cadre médiatique. Un rapport des Nations Unies rappelle le rôle essentiel des peuples autochtones dans la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique. Le document met en avant la richesse de leurs savoirs traditionnels et leur contribution à la gestion durable des écosystèmes.
Selon l’ONU, les zones les mieux préservées sont souvent celles habitées par des communautés autochtones. L’organisation appelle à intégrer leurs pratiques dans les politiques publiques afin de renforcer la résilience climatique.
L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) partage ce constat. Dans un récent rapport, elle souligne que les peuples autochtones doivent être pleinement associés aux réponses globales au dérèglement climatique. Leurs connaissances, issues d’une longue observation de la nature, jouent un rôle clé dans l’anticipation des variations climatiques et la protection des ressources.
L’OMPI rappelle également leur vulnérabilité croissante, tout en saluant leur rôle de gardiens d’un savoir environnemental indispensable.
La session a également accueilli, en ligne, Blaise Kasereka, journaliste indépendant de République démocratique du Congo et membre de la communauté pygmée du parc national de Kahuzi-Biega.
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Cet article a été écrit par Ruth Kutemba, depuis Pretoria.
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