Les moustiques piquent, infectent et tuent. Ils sont responsables de nombreuses maladies comme le paludisme, la dengue et la fièvre jaune. En Afrique, la situation est critique. En 2023, environ 94 % des cas de paludisme et 95 % des décès dus à la maladie ont été enregistrés dans cette Région selon l’Organisation mondiale de la santé.
Lors de la 2ᵉ Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones, qui s’est tenue à Abidjan en juin 2025, des experts ont partagé des approches innovantes pour comprendre les moustiques et améliorer la lutte contre ces insectes vecteurs de maladies. Le concept de « Une seule santé », qui relie la santé humaine, animale et environnementale, a été au cœur de ces discussions.
Plutôt que de tuer les moustiques, nous choisissons de désorganiser leur reproduction, et ainsi, leur population diminue progressivement.
Selon le Dr Dramane Kaba spécialiste en entomologie médicale, la connaissance fine de l’insecte est essentielle pour élaborer des stratégies efficaces. « Pour combattre un insecte, il faut bien le connaître, son espèce, son comportement, sa saisonnalité », explique-t-il.
Cette compréhension approfondie permet de mieux cibler les périodes de forte transmission et d’adapter les interventions en conséquence.
Une des méthodes novatrices consiste à « utiliser des données comportementales pour ajuster les actions ». Par exemple, si les moustiques changent leurs habitudes de piqûre, il est du devoir des acteur de lutte, d’adapter les horaires d’utilisation des moustiquaires ou d’utilisation de traitements spécifiques.
Le Dr Konan Yao Lucien, entomologiste à l’Institut national d’hygiène publique de Côte d’Ivoire, souligne l’importance de la surveillance continue. « Une fois l’insecte compris, il faut étudier la résistance aux insecticides, puis appliquer des méthodes de lutte en tenant compte des réalités locales, environnementales et humaines », indique-t-il.
L’innovation ici réside dans « l’intégration de la dimension comportementale et écologique dans la lutte contre les moustiques ». Cela permet de mieux cibler les interventions et d’éviter les effets secondaires néfastes sur l’environnement.
Résistance des insectes
Les produits chimiques, autrefois efficaces contre les moustiques, ne fonctionnent plus comme avant, et cette résistance représente un véritable casse-tête pour les chercheurs et les autorités sanitaires. Face à cette situation, les solutions traditionnelles ne suffisent plus, et de nouvelles approches sont nécessaires.
Dr Richard Yapi, chercheur au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire, explore des alternatives qui vont au-delà des méthodes classiques. Son objectif n’est pas seulement de combattre les moustiques, mais de modifier leur comportement et leur reproduction de manière durable.
Une des stratégies innovantes qu’il propose consiste à libérer des mâles stériles dans la nature. Ces moustiques, incapables de se reproduire, s’accouplent avec des femelles, mais aucune descendance viable ne résulte de l’union. « Plutôt que de tuer les moustiques, nous choisissons de désorganiser leur reproduction, et ainsi, leur population diminue progressivement », explique le Dr Yapi.
Interrogé par Sciences de chez Nous en marge de la conférence, Dr Konan Yao Lucien, a souligné que : « Pour que los méthodes de lutte contre les moustiques soient vraiment efficaces, il est essentiel d’impliquer non seulement les scientifiques, mais aussi les communautés locales. Car la collaboration entre entomologistes, médecins et habitants est la clé pour garantir la durabilité de ces solutions ».
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Cet article a été écrit par Ruth Kutemba et approuvé pour publication par la rédactrice en chef de Sciences de chez Nous, Fatimatou Diallo.
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