L’Afrique face au défi de la souveraineté sanitaire : les solutions proposées par Boniface Njenga

« La souveraineté sanitaire est un objectif à long terme, qui ne peut être atteint du jour au lendemain », affirme Boniface Njenga, directeur adjoint en charge des systèmes de santé en Afrique à la Fondation Gates dans une interview accordé à SciDev.Net. Lors de la huitième édition du Forum Galien Afrique en octobre 2025 à Dakar, il a insisté sur l’importance de la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) pour que le continent développe une capacité autonome à produire ses propres médicaments.

« Ces maladies touchent de manière disproportionnée les communautés les plus pauvres et marginalisées et maintiennent des familles dans le cycle de la pauvreté », souligne Njenga. Réduire la charge des MTN n’est pas qu’une question de santé, c’est un levier essentiel pour bâtir des systèmes de santé résilients et équitables à travers l’Afrique. Il rappelle l’exemple réussi du Kenya et du Niger, qui ont su éliminer respectivement la maladie du sommeil et l’onchocercose grâce à une « mobilisation communautaire forte, un engagement national soutenu, et des interventions éprouvées ».

Njenga explique : « Le financement extérieur et les partenariats techniques restent essentiels, mais ils doivent être structurés de façon à accélérer, et non à remplacer, le développement des capacités nationales ». La Fondation Gates soutient des initiatives concrètes de production locale, notamment par des partenariats avec des institutions telles que Biovac en Afrique du Sud, Aspen Pharmacare et le Serum Institute of India, pour permettre le transfert de technologie et la fabrication de vaccins adaptés au continent.

Pendant son interview,  Boniface Njenga a lancé un appel clair aux dirigeants africains. « Les autorités africaines doivent jouer un rôle essentiel en affichant un leadership fort, des priorités claires et en investissant dans un financement prévisible de la santé, la formation et la rétention des personnels de santé ». Pour lui, la coopération régionale est aussi capitale, particulièrement avec des institutions comme l’Agence africaine du médicament, afin de « mutualiser les achats et partager les capacités réglementaires ».

Enfin, il a rappellé la valeur du Forum Galien Afrique, qui « rassemble décideurs, chercheurs, fabricants, bailleurs et régulateurs pour accélérer la transformation des innovations en politiques et programmes de santé concrets ». Ce forum, selon lui, est un moteur indispensable pour que l’Afrique devienne non seulement une bénéficiaire, mais une créatrice et productrice autonome de technologies de santé vitales.

Grâce à ces engagements conjugés, l’ambition de souveraineté sanitaire en Afrique devient un horizon tangible, où la dépendance extérieure cède la place à une autonomie durable, portée par des capacités africaines renforcées.

 

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Cet article a été écrit par Mardochée Boli 

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