Journalisme scientifique : Kossi Balao alerte sur l’urgence de préserver l’indépendance

Face à la désinformation scientifique et à la précarité grandissante du métier, le journalisme scientifique réaffirme ses fondamentaux : scepticisme, rigueur et indépendance. Ce sont ces valeurs que Kossi Balao, président du Réseau des Journalistes Scientifiques d’Afrique Francophone (RJSAF), a défendues avec force lors de la 13ᵉ Conférence mondiale des journalistes scientifiques, tenue à Pretoria.

« Être sceptique, c’est refuser d’admettre une information sans examen critique, explique-t-il. Même après 10 ou 15 ans de pratique, il faut toujours garder de la distance. » Pour Balao, la science est un champ en évolution constante. Le journaliste doit donc avancer « pas à pas », éclairé par l’analyse critique plutôt que par la conviction.

Mais cette rigueur, souligne-t-il, se heurte trop souvent à la réalité économique : « À force de collaborer avec des institutions pour assurer leur revenu, certains finissent par perdre leur distance critique. Cette dépendance fragilise l’indépendance éditoriale et menace la liberté du journaliste. »

Le président du RJSAF déplore également le manque de formation continue, pourtant crucial pour décrypter une science omniprésente dans nos vies : transports, alimentation, météo, climat, santé… « Les journalistes doivent apprendre à repérer la science dans le quotidien et à l’analyser avec un regard éclairé », insiste-t-il.

Sur le plan éthique, Kossi Balao se montre intransigeant : « Journaliste et communicant, c’est antinomique. La précarité pousse certains à franchir la ligne, mais cela met leur liberté en péril. Une information fiable peut sauver une vie. Renoncer à ce rôle, c’est trahir la profession. »

Il appelle enfin à plus de transparence : toute collaboration ou financement institutionnel doit être explicitement mentionné, pour que le public puisse juger les contenus de manière informée.

Cette session, modérée par Magali Reinert a réuni plus d’une quarantaine de participants, venus rappeler combien le journalisme scientifique reste vital pour construire un monde plus résilient et informé.

Le panel, consacré au thème « Critique de la science : comment enseigner cette compétence ? », comptait également parmi ses intervenantes Agnès Vernet, présidente de la Fédération européenne du journalisme scientifique, et Lesley Cowling, professeure à l’Université du Witwatersrand en Afrique du Sud.

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Cet article a été écrit par Ruth Kutemba, depuis Pretoria. 

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