Que vérifions-nous?
Un message Facebook invitant les femmes à se faire « sucer les seins » pour prévenir le cancer ». La publication, devenue virale chaque année à l’occasion d’Octobre Rose affirme : « C’est Octobre rose, faites-vous sucer les seins pour éviter le cancer (…) »
Des exemples de publications similaires ont été archivés (ici, ici, et là).
Verdict
Il n’existe aucune preuve scientifique démontrant que la succion des seins par un partenaire puisse prévenir le cancer du sein.
Pourquoi ce verdict ?
Pour aboutir à ce verdict, Sciences Check a interrogé des gynécologues, professionnels de la santé et fait une recherche documentaire en passant par la recherche de mots clés sur Google.
La recherche Google de mots clés « cancer du sein » a révélé que 670 000 personnes sont décédées du cancer du sein selon les dernières statistiques publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et que les hommes représentent environ 0,5 à 1 % des personnes touchées par la maladie. Une autre recherche utilisant cette fois ci les mots clés « succer les seins pour éviter le cancer » n’a pas mis en évidence de preuves solides soutenant cette allégation.
En effet, le cancer du sein se développe lorsque des cellules mammaires normales deviennent anormales et se multiplient de manière incontrôlée. Ces cellules peuvent apparaître dans les canaux qui transportent le lait ou dans les lobules producteurs de lait.
Contactée par Sciences Check, Dr Malonga Kaj Fanny, gynécologue-obstétricienne et chercheure à l’Université de Lubumbashi, en République démocratique du Congo, explique : « tant qu’une femme n’a pas mis au monde d’enfant et n’a pas allaité, les cellules mammaires continuent de se multiplier. Dès qu’elle allaite, cette multiplication ralentit voire s’arrête. »
Cependant, chez une femme qui n’a pas allaité, « ce processus peut se poursuivre de manière anarchique et conduire au développement d’un cancer du sein », ajoute la gynecologue en insistant que « la succion des seins de la femme par son partenaire ne previent aucunement le cancer. »
Selon Dr Malonga, ce qui protège réellement est la succion du bébé. « C’est la stimulation par l’allaitement maternel qui interrompt la multiplication cellulaire. C’est pourquoi il faut encourager l’allaitement, qui prévient effectivement le cancer », souligne-t-elle.
Tous les spécialistes interrogés par Sciences Check et DataCameroon abondent dans le même sens que Dr Malonga Kaj Fanny. Ils soutiennent qu’aucune preuve scientifique ne démontre que la succion des seins par un partenaire puisse prévenir le cancer du sein.
Costa Tshinzam, médecin aux Cliniques universitaires de Lubumbashi, rappelle la différence entre têté et succer. « Autour du mot téter, il y a un objectif nutritionnel. Alors que sucer, c’est comme donner une tétine sans lait. »
Même constat pour la Dr Micrette Ngalula, gynécologue-obstétricienne à Lubumbashi, qui insiste sur le rôle protecteur de l’allaitement : « Lorsqu’une femme n’allaite pas, elle expose ses seins à un risque accru de cancer, car les canaux galactophores ne fonctionnent pas normalement. »
D’après l’OMS, l’allaitement maternel ne réduit pas seulement le risque de cancer du sein chez les mères, il les protège également contre d’autres maladies, comme le cancer des ovaires et le diabète de type 2.
Conclusion
La succion des seins par un partenaire ne protège en aucun cas contre le cancer du sein, seule l’allaitement maternel a des effets protecteurs scientifiquement prouvés.
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Sciences Check est une initative de Sciences de chez Nous qui se concentre exclusivement sur la vérification des faits scientifiques, notamment en démystifiant les affirmations fausses et trompeuses formulées par certains acteurs pour influencer les politiques publiques. Nous sommes membre de l’Alliance Africaine de Vérification des faits.
Cette vérification des faits a été rédigée par Ruth KUTEMBA.
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