Selon les données du « Plan stratégique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique 2025-2029 », le Mali comptait en 2017 près de 2 725 chercheurs et enseignants-chercheurs pour une population de 20 millions d’habitants, soit environ 136 chercheurs par million d’habitants. Ce niveau reste largement inférieur au seuil minimal fixé par l’UNESCO, qui recommande au moins 1 000 chercheurs par million d’habitants pour soutenir efficacement l’innovation et le développement.
À ce jour, « le Mali compte environ 150 inventeurs isolés », un nombre jugé faible au regard du potentiel créatif du pays. Pourtant, « de nombreux Maliens inventent », souligne Diango Cissé, président de l’Association malienne pour la promotion de la recherche, de l’invention et de l’innovation technologique (AMPRIT). Mais rares sont ceux qui parviennent à protéger, valoriser ou commercialiser leurs créations. Cela est dû à un manque de formation, à l’absence de financement et à une méconnaissance généralisée de la propriété intellectuelle. Résultat : beaucoup d’initiatives innovantes s’éteignent dans l’ombre.
Qui connaît la propriété intellectuelle connaît tout simplement la dimension de l’économie du savoir dans la promotion de l’économie endogène.
Face à ce constat, les autorités misent désormais sur le renforcement des compétences pour inverser la tendance. Car les bases existent déjà. Le Mali bénéficie d’un cadre juridique grâce à son appartenance à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et à ses propres textes en matière de propriété industrielle et littéraire.
Mais ce socle reste fragile sans expertise locale suffisante pour accompagner les inventeurs. Or, « qui connaît la propriété intellectuelle connaît tout simplement la dimension de l’économie du savoir dans la promotion de l’économie endogène », a rappelé Issoufou Mouleye, directeur du Centre malien de la propriété industrielle (CEMAPI). Autrement dit,
sans maîtrise des outils de la propriété intellectuelle, tels que les brevets, marques, droits d’auteur ou dessins et modèles il ne peut pas avoir de souveraineté technologique durable.
Miser sur l’humain pour transformer l’innovation
« Notre avenir technologique dépendra de la qualité de nos ressources humaines et de notre capacité à valoriser nos créations », a déclaré le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alhassane Diallo. Il a insisté sur le rôle stratégique de la propriété intellectuelle dans le développement technologique du pays et annoncé l’adoption prochaine d’une nouvelle stratégie nationale, sous l’impulsion du Président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta. Objectif : permettre à chaque acteur économique de faire de la propriété intellectuelle un véritable outil de création de valeur et de souveraineté.
Dans cette dynamique, le gouvernement exhorte les entreprises à faire de la propriété industrielle un levier de compétitivité, et non un simple outil administratif, afin de l’ériger en pilier incontournable de l’économie malienne.
Mais les défis restent de taille. Le faible nombre de chercheurs, combiné à une représentation féminine qui ne dépasse pas 16%, constitue un frein majeur. Pour y remédier, une politique volontariste s’impose, avec un soutien accru aux inventeurs isolés, trop souvent marginalisés, afin de libérer l’immense potentiel d’innovation du pays.
•••••••••
Cet article a été écrit par Mardochée BOLI pour Sciences de chez Nous.
➤ Bien que nous ayons mis en place un processus éditorial robuste et bien rodé, nous ne sommes qu’humains. Si vous repérez des erreurs ou des coquilles dans nos productions, veuillez-nous en informer par courriel à l’adresse : correction@sciencesdecheznous.com.
Pour toutes autres préoccupations
Envoyez-nous un email